Après nos deux semaines passées à la casa de Mamita Rosa, et une semaine haute en couleur dans la forêt amazonienne, à Iquitos, en compagnie de notre charmant guide prénommé Hitler, voici venu le temps des retrouvailles avec notre chère camio (entière, on l’espère, vu le gros tremblement de terre ayant secoué la ville où elle fut gardée par notre ami Fernando). Quelques 24h de bus plus tard, et la frontière chilienne repassée, nous l’apercevons, glanant les routes avec sa classe naturelle, son moteur chantant, sa carrosserie parée de vos jolis minois et étincelante sous les rayons du soleil chilien, sa coupe parfaite, son allure avec un grand A… Bon, ok, on s’emballe mais c’est au moins à la hauteur de nos cœurs au moment de la retrouver. Ceci dit, elle est toujours au Chili, aura-t-elle un jour la chance de fendre les routes péruviennes ? C’est après une petite excursion à Putre, entre les lamas, les vigognes et les lacs à 4000 mètres que nous retrouvons nos chers amis douaniers, deuxième tentative, nos estomacs sont noués, nos cœurs sont serrés, Ojala…
Premier douanier, premier obstacle… Malgré nos nombreuses démarches, ajoutées à toutes celles de Christophe, notre petit montage administratif ne serait pas homologué. Problème : bien que la voiture soit aujourd’hui fictivement la propriété de Christophe, résident chilien, et bien que celui-ci nous ait fait une procuration devant notaire nous permettant de voyager avec sa voiture, nous ne sommes (toujours) pas résident chilien. Résultat, la voiture ne peut sortir du territoire. Peu convaincus par cette explication et loin d’être prêts à baisser les bras, nous demandons à rencontrer le douanier en chef. C’est alors que nous nous lançons dans une longue négociation tantôt faite de persuasion, tantôt de regards larmoyants, tantôt de détermination, tantôt d’un peu de charme... Bref, un doux mélange nous permettant, enfin, d’obtenir le droit de quitter le territoire chilien, « exceptionnellement, et sans aucune garantie de pouvoir entrer au Pérou » dixit el jefe. Premier soulagement, mais reste donc la deuxième étape : le passage au Pérou. C’est dés ce moment-là que la différence entre les autorités chiliennes et péruviennes nous saute aux yeux. Là où les premières sont sérieuses, froides et à cheval sur les règles, les secondes sont chaleureuses, agréables et cool, un peu trop sans doute au vu de l’erreur de date lors de la pose de notre cachet d’entrée sur le territoire, le 8 mars, au lieu du 8 avril (avec une restriction de 30 jours sur le territoire..). Ça nous vaudra peut être quelques problèmes plus tard, mais pas question de faire marche arrière, nous sommes au Pérou, en camioneta, Jean Jacques à fond (merci Maxi), le rêve !!
Premier arrêt à Arequipa, superbe ville au sud du Pérou. Nous y sommes accueillis par la famille d’accueil d’Eugénie, amie de Tom, ayant vécu 6 mois au Pérou. Les petits plats sont mis dans les grands pour nous accueillir, le programme est bien ficelé : dés le lendemain nous irons nous relaxer dans des termes non loin de là. Hum, ça, c’était sans compter un petit bugg non sans lien avec notre espagnol qui, tout en s’améliorant de jour en jour, est encore loin d’être parfait et ayant valu à notre chère camio de goûter au Diesel au lieu de son habituel essence. Heureusement, nous nous apercevons de l’erreur avant de démarrer… Résultat, démontage du réservoir, les premiers pas de Tom en mécanique, trois heures de perdues. Les bains, ça sera pour une autre fois.
Nous reprenons ensuite la route vers Lima, où nous ferons un stop de deux nuits, histoire d’alléger notre cargaison de bouquins chez Rosa, de passer une dernière petite soirée avec les copains, et de dire, pour de vrai cette fois, adieux à notre famille péruvienne. Que d’émotions.
Notre chemin se poursuit vers le nord, direction Huaraz, petite ville au pied de la Cordillera Negra et la Cordillera Blanca. Tom y retrouvera Alex (Eggermont), encore. Chargés de baudriers, de chaussons et d’une corde, les voilà partis pour quatre jours d’escalade dans un splendide spot (El Bosque de Piedras à Hatun Machay). De leur côté, Ad et Nat optent pour le Santa Cruz, magnifique trek avec un sommet à 4750 mètres, pas peu fières…
Après ces quatre jours d’alpinisme, il est temps de continuer notre route vers Quito. Sur le chemin, nous devons, pour la première fois, sortir quelques billets afin de sortir des griffes de policiers véreux. Nos papiers d’assurance n’étant soit disant pas tout à fait en règle, le chantage est le suivant : soit, nous payons une amende de 400 Soles (plus ou moins 150 euros), soit, cela reste entre nous et nous divisons le montant par 8… Le choix est vite fait malgré l’injustice qui nous ronge.
Quelques nuits chez l’habitant plus tard, (dont une le long d’une rivière qui nous vaudra à chacun pas loin d’une centaine de piqûres de moustique sur chaque jambe), nous voici à la frontière équatorienne… Plus confiants que la première fois, mais toujours avec un rien d’appréhension, nous optons pour une petite frontière, moins fréquentée, normalement plus facile à traverser… Mouais… Première étape, sortir la voiture du territoire péruvien. Nous arrivons au poste, pas un chat, mis à part les 5 douaniers, nous sortons nos papiers, en 10 minutes l’affaire est réglée. Deuxième étape : passer au poste de migration se trouvant quelques kilomètres plus loin et demander après el Señor Percy. El señor Percy… ce cher douanier pas comme les autres au vu de sa tenue, comment dire, quelque peu décontractée : short, marcel blanc, barbe de quelques jours et fond d’écran de GSM plutôt osé. Quelques pouffements de rire plus tard, le voici le moment où l’erreur de date à la frontière nous joue des tours (cfr plus haut). Nous revoilà partis dans de longues argumentations, señor Percy doit vérifier dans le sistema, qu’il n’a pas, passe donc quelques coups de fil, et une vingtaine de minutes plus tard, nous accorde que l’erreur vient de leur part. Ouf… Sauf que, malgré cela, nous ne pouvons passer, Señor Percy n’est pas sûr que le poste de frontière équatorien, se trouvant à 20 minutes de là, ait un sistema (nous ne savons toujours pas trop ce qu’ils veulent dire par là mais apparemment c’est une excuse qui a la quote chez nos chers amis sud américains). Nous accordant tout de même le bénéfice du doute, celui-ci nous suggère de faire un petit aller-retour en Equateur afin de vérifier ses pensées, si celles-ci sont infirmées, il nous accordera, enfin, notre cachet nous permettant de sortir du territoire.
Malheureusement, Señor Percy avait raison, pas de sistema, nous devons donc faire demi tour, faire ré-entrer la voiture au Pérou, et nous diriger vers une frontière se trouvant à une centaine de kilomètres de là. Bref, on va abréger, mais de retour au premier poste de frontière, nous nous rendons compte que nous ne pouvons faire demi-tour, la voiture a définitivement quitté le territoire, et nous devrons donc passer la douane équatorienne, en faisant nos premiers pas sur une route d’Ecuador (cherchez l’erreur…). Vous n’avez pas tout suivi ? Nous non plus, on vous rassure, mais nous sommes aujourd’hui bel et bien à Quito, en règle, jusqu’à nouvel ordre.
On a passé le weekend chez Daniele, italien de 30 ans volontaire pour Ayuda Directa, association dans laquelle nous entamerons deux nouvelles semaines de projet dés lundi. On se rendra pour cela à 4h30 de Quito, à Esperanza, petit village culminant à plus de 3600 mètres d’altitude. Le projet est prêt, quelques nouvelles idées sont au programmes, on est impatient.
On vous embrasse très fort, bravo à ceux qui auront eu le courage de nous lire jusqu’au bout et comme d’habitude, on pense fort à vous.
Ad, Nat et Tom