Nous y voilà. Au loin se profile la douce et printanière Cochabamba, ville bolivienne, surtout connue pour ses atouts culinaires. Nos papilles s’impatientent. Et puis surtout, notre route prend enfin la forme d’une ville qui prend finalement la forme de notre quatrième projet.
Dans les rues, la camio se faufile à travers tous ces conducteurs fous et nous emmène vaillamment à l’hostal familiar, notre nouvelle maison pour les 2 semaines qui nous attendent. Le changement est radical : d’une chambre – cuisine – salon de 20 m2 pleine de chaleur et de volontaires de toutes les couleurs à Esperanza, nous atterrissons dans une auberge immense, froide et dépourvue du moindre sourire. Bon, chaque nouvelle expérience à ses premières heures a sa dose d’inconfort. Il en faut beaucoup plus pour nous décevoir et nous restons hyper confiants en ce qui concerne nos premiers jours de projet. Le rendez-vous est pris le jeudi à 7.30 du mat’ devant la grille de notre auberge, Eliza – responsable de Proyecto Horizonte – passera nous chercher.
Les pas incertains, nous suivons notre guide vers le minero San Juan, banlieue défavorisée de Cochabamba, où nous espérons toujours trouver notre nouvel équilibre. Eliza nous dresse le portrait du quartier. Au déclin des mines, les mineurs voyant leurs maigres ressources s’amenuiser s’étaient encourus vers les villes afin d’y installer leurs familles et leurs quelques avoirs sous un toit de tôle ou un auvent de bâche. Au fur et à mesure des années, les familles ont grandies, les maisons ont pris quelques briques et les pistes de terres ont commencé lentement à prendre quelques pavés. Les montagnes encerclant Cochabamba se sont alors colorées de fil à linge dans le vent, de salchipapas ou de mouflets en uniforme d’écoliers. Aujourd’hui, San Juan est un quartier plein de vie que Proyecto Horizonte a pris sous son aile.
Nous sommes attendus mais peu accueillis. Notre projet ne semble pas les intriguer et Eliza s’éloigne peu à peu de nous en nous confiant aux deux bibliothécaires du quartier : Brigitte, responsable de l’école primaire qui s’efface assez vite après les présentations et Mary, en charge de la garderie du samedi matin. Heureusement, celle-ci semble légèrement plus en phase avec nous et nous propose de la rejoindre ce WE. Elle nous lègue son heure d’anglais et… il était une fois Pour une histoire à San Juan. Après la Belgique, le Chili, le Pérou et l’Equateur, le projet a trouvé une trame et nous commençons à connaitre le mécanisme. L’engrenage est lancé. En avant les histoires.
Oui. Mais. Si le projet ne se réduit qu’à un samedi matin par semaine en sachant que nous ne pouvons pas rester plus de deux semaines à Cocha, cela nous fait un peu trop de temps libres à occuper pendant la semaine- quoique en ces temps mondiaux, les créneaux horaires peuvent être assez vite remplis. Soit. Proyecto Horizonte ne semble pas avoir besoin de nous et semble être trop prisé en ce moment pour nous accorder une petite place parmi eux. C’est pas grave, l’école n’est pas loin et notre projet peut tout à fait se greffer à un programme scolaire de primaire. Nous nous attelons à ficeler en quelques minutes un petit dossier ou nous tentons de donner à Pour une histoire un coté académique plutôt balèze. Le dirlo nous reçoit, nous écoute, nous regarde un peu de travers, nous toise légèrement. De notre coté, on se jette des regards incertains, on s’emmêle les pinceaux en espagnol, on défend notre projet et on finit, sceptique, par lui tendre notre dossier-minute….
Et ca passe. Nous avons droit à prendre une classe par heure à raison de trois heures par jour.
Et vous commencez dans 1h.
Heu…. Ok. Challenge accepted !
Donc, nous y revoilà, petits européens habitués aux rangs par deux prêts à rejoindre les bancs de l’école primaire. Bonne blague. Premièrement les rangs par deux, ca n’existe pas ici. Deuxièmement, ils sont 44 par classe et troisièmement, en Bolivie, on peut manger en classe, jouer à la Barbie sans se la faire confisquer et se lever pour aller à la toilette à tout moment. Joyeux capharnaüm. Les profs n’ont aucune pitié et bien trop heureux de pouvoir aller regarder le foot, nous laissent seuls face à toutes ses souris dansantes. Bien joués les chats !
Notre patience est mise à l’épreuve et le projet aussi. Tous les trois, nous abordons différemment notre nouvelle mission et passons, heureusement à des moments différents, par une grosse période de découragement. Crier ne sert à rien, se taire encore moins. Notre autorité est tout sauf autoritaire et notre coté prof n’est franchement pas respecté. Admirable vocation que celle d’enseigner…
Petit à petit, nous apprivoisons les enfants et trouvons quelques supercheries pour capter leur attention. Capitàn clase – notre super superhero – est encore une fois notre plus grand allié. Les enfants l’adorent et ses aventures les enchantent. En ce moment, il est à bord d’une voiture en carton et s’apprête à rejoindre l’Argentine accompagné de son tigre bavard et de son chien volant. L’imagination est à son comble et chaque nouvelle ligne de son histoire en est l’apogée.
Après notre première semaine, nous parlons du côté aide matérielle du projet au directeur de l’école et son amabilité grandissante ne nous surprend qu’à moitié. Nos 500 euros serviront à remodeler la petite bibliothèque tenue par Brigitte (cfr. plus haut). Nous partons alors avec eux pour arpenter le marché, liste de course à la main : rideau – canapé et meubles de bibliothèque. Les rideaux sont bleus et légèrement brillants (et encore, on a échappé au dentelles et aux collerettes dorées), les canapés noirs et zébrés bordeaux et les meubles sont étonnamment très classiques. Brigitte est charmée par le design, du coup, nous aussi…
Nous profitons de notre dernière journée pour mettre tout en place et gardons bien en tête que si un seul de ces enfants s’assied sur les peaux de zèbre un livre à la main pour se battre avec la difficile danse des lettres, nous avons réussi . Et puis si un autre se rappelle que nous venons d’un petit pays plat appelé Belgica, alors nous avons gagné notre pari… Pour ça, les diables rouges nous ont rendu un sacré service.
Nous finissons le projet, sans cette nostalgie que nous avons connu au Chili, au Pérou ou en Equateur et quittons le minero prêts à nous lancer dans une meilleure aventure argentine. Si les boliviens ne nous marquent pas par leur sympathie, leur paysages nous laissent sans voix. Si le projet nous laisse une certaine frustration, nous sommes fiers d’avoir été jusqu’au bout de notre objectif et gardons les sourires spontanés des enfants en souvenir plutôt que les rires hypocrites de leur directeur. Et puis finalement, chaque expérience est un tremplin qui nous mène joyeusement vers une autre destination.
En parlant de destination, nos articles prennent du retard sur le temps réel et depuis lors, nous avons marché dans les traces des dinos, roulé sur le Salar, rencontré plein de nouveaux amis et surtout franchi la ligne frontière du pays du dieu Messi. Mais tout ça, on vous le laisse pour notre prochain article.
Comme d’hab’, nous vous envoyons un énorme abrazo bien latino et pensons encore et éternellement à vous. Aujourd’hui il ne reste plus qu’un mois et 10 jours avant de revoir vos jolies bouilles…
Hasta muy pronto,
Ad, Nat et Tom.
Dans les rues, la camio se faufile à travers tous ces conducteurs fous et nous emmène vaillamment à l’hostal familiar, notre nouvelle maison pour les 2 semaines qui nous attendent. Le changement est radical : d’une chambre – cuisine – salon de 20 m2 pleine de chaleur et de volontaires de toutes les couleurs à Esperanza, nous atterrissons dans une auberge immense, froide et dépourvue du moindre sourire. Bon, chaque nouvelle expérience à ses premières heures a sa dose d’inconfort. Il en faut beaucoup plus pour nous décevoir et nous restons hyper confiants en ce qui concerne nos premiers jours de projet. Le rendez-vous est pris le jeudi à 7.30 du mat’ devant la grille de notre auberge, Eliza – responsable de Proyecto Horizonte – passera nous chercher.
Les pas incertains, nous suivons notre guide vers le minero San Juan, banlieue défavorisée de Cochabamba, où nous espérons toujours trouver notre nouvel équilibre. Eliza nous dresse le portrait du quartier. Au déclin des mines, les mineurs voyant leurs maigres ressources s’amenuiser s’étaient encourus vers les villes afin d’y installer leurs familles et leurs quelques avoirs sous un toit de tôle ou un auvent de bâche. Au fur et à mesure des années, les familles ont grandies, les maisons ont pris quelques briques et les pistes de terres ont commencé lentement à prendre quelques pavés. Les montagnes encerclant Cochabamba se sont alors colorées de fil à linge dans le vent, de salchipapas ou de mouflets en uniforme d’écoliers. Aujourd’hui, San Juan est un quartier plein de vie que Proyecto Horizonte a pris sous son aile.
Nous sommes attendus mais peu accueillis. Notre projet ne semble pas les intriguer et Eliza s’éloigne peu à peu de nous en nous confiant aux deux bibliothécaires du quartier : Brigitte, responsable de l’école primaire qui s’efface assez vite après les présentations et Mary, en charge de la garderie du samedi matin. Heureusement, celle-ci semble légèrement plus en phase avec nous et nous propose de la rejoindre ce WE. Elle nous lègue son heure d’anglais et… il était une fois Pour une histoire à San Juan. Après la Belgique, le Chili, le Pérou et l’Equateur, le projet a trouvé une trame et nous commençons à connaitre le mécanisme. L’engrenage est lancé. En avant les histoires.
Oui. Mais. Si le projet ne se réduit qu’à un samedi matin par semaine en sachant que nous ne pouvons pas rester plus de deux semaines à Cocha, cela nous fait un peu trop de temps libres à occuper pendant la semaine- quoique en ces temps mondiaux, les créneaux horaires peuvent être assez vite remplis. Soit. Proyecto Horizonte ne semble pas avoir besoin de nous et semble être trop prisé en ce moment pour nous accorder une petite place parmi eux. C’est pas grave, l’école n’est pas loin et notre projet peut tout à fait se greffer à un programme scolaire de primaire. Nous nous attelons à ficeler en quelques minutes un petit dossier ou nous tentons de donner à Pour une histoire un coté académique plutôt balèze. Le dirlo nous reçoit, nous écoute, nous regarde un peu de travers, nous toise légèrement. De notre coté, on se jette des regards incertains, on s’emmêle les pinceaux en espagnol, on défend notre projet et on finit, sceptique, par lui tendre notre dossier-minute….
Et ca passe. Nous avons droit à prendre une classe par heure à raison de trois heures par jour.
Et vous commencez dans 1h.
Heu…. Ok. Challenge accepted !
Donc, nous y revoilà, petits européens habitués aux rangs par deux prêts à rejoindre les bancs de l’école primaire. Bonne blague. Premièrement les rangs par deux, ca n’existe pas ici. Deuxièmement, ils sont 44 par classe et troisièmement, en Bolivie, on peut manger en classe, jouer à la Barbie sans se la faire confisquer et se lever pour aller à la toilette à tout moment. Joyeux capharnaüm. Les profs n’ont aucune pitié et bien trop heureux de pouvoir aller regarder le foot, nous laissent seuls face à toutes ses souris dansantes. Bien joués les chats !
Notre patience est mise à l’épreuve et le projet aussi. Tous les trois, nous abordons différemment notre nouvelle mission et passons, heureusement à des moments différents, par une grosse période de découragement. Crier ne sert à rien, se taire encore moins. Notre autorité est tout sauf autoritaire et notre coté prof n’est franchement pas respecté. Admirable vocation que celle d’enseigner…
Petit à petit, nous apprivoisons les enfants et trouvons quelques supercheries pour capter leur attention. Capitàn clase – notre super superhero – est encore une fois notre plus grand allié. Les enfants l’adorent et ses aventures les enchantent. En ce moment, il est à bord d’une voiture en carton et s’apprête à rejoindre l’Argentine accompagné de son tigre bavard et de son chien volant. L’imagination est à son comble et chaque nouvelle ligne de son histoire en est l’apogée.
Après notre première semaine, nous parlons du côté aide matérielle du projet au directeur de l’école et son amabilité grandissante ne nous surprend qu’à moitié. Nos 500 euros serviront à remodeler la petite bibliothèque tenue par Brigitte (cfr. plus haut). Nous partons alors avec eux pour arpenter le marché, liste de course à la main : rideau – canapé et meubles de bibliothèque. Les rideaux sont bleus et légèrement brillants (et encore, on a échappé au dentelles et aux collerettes dorées), les canapés noirs et zébrés bordeaux et les meubles sont étonnamment très classiques. Brigitte est charmée par le design, du coup, nous aussi…
Nous profitons de notre dernière journée pour mettre tout en place et gardons bien en tête que si un seul de ces enfants s’assied sur les peaux de zèbre un livre à la main pour se battre avec la difficile danse des lettres, nous avons réussi . Et puis si un autre se rappelle que nous venons d’un petit pays plat appelé Belgica, alors nous avons gagné notre pari… Pour ça, les diables rouges nous ont rendu un sacré service.
Nous finissons le projet, sans cette nostalgie que nous avons connu au Chili, au Pérou ou en Equateur et quittons le minero prêts à nous lancer dans une meilleure aventure argentine. Si les boliviens ne nous marquent pas par leur sympathie, leur paysages nous laissent sans voix. Si le projet nous laisse une certaine frustration, nous sommes fiers d’avoir été jusqu’au bout de notre objectif et gardons les sourires spontanés des enfants en souvenir plutôt que les rires hypocrites de leur directeur. Et puis finalement, chaque expérience est un tremplin qui nous mène joyeusement vers une autre destination.
En parlant de destination, nos articles prennent du retard sur le temps réel et depuis lors, nous avons marché dans les traces des dinos, roulé sur le Salar, rencontré plein de nouveaux amis et surtout franchi la ligne frontière du pays du dieu Messi. Mais tout ça, on vous le laisse pour notre prochain article.
Comme d’hab’, nous vous envoyons un énorme abrazo bien latino et pensons encore et éternellement à vous. Aujourd’hui il ne reste plus qu’un mois et 10 jours avant de revoir vos jolies bouilles…
Hasta muy pronto,
Ad, Nat et Tom.